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Située à la frontière sud de l'Égypte ancienne, Assouan est le domaine du dieu-bélier Khnoum, le potier divin qui façonna l'homme et son kâ avec le limon du Nil. C'est aussi le domaine de deux déesses d'origine nubienne, Satet et Anoukis, associées au mythe de Khnoum par les habitants du lieu.
C'est la région de la première cataracte, d'où jaillit la crue du Nil pour les anciens Égyptiens, le premier et principal nome de la Haute-Égypte. Au sud, c'est la Nubie - Ouawat et le pays de Kouch. Redoutant l'invasion des tribus nubiennes, d'une agressivité notoire, ils ont fortifié l'Óle d'Éléphantine, d'une grande importance stratégique. C'est d'elle que partent d'innombrables expéditions commerciales et militaires. Au cours de sa longue histoire, l'Egypte envahit la Nubie à plusieurs reprises, y construit des temples ainsi que des puissantes forteresses dans la région de Ouadi-Halfa. Une administration distincte, placée sous l'autorité du "Fils du Roi de Kouch", est chargée de maintenir l'ordre parmi les turbulentes tribus nubiennes, et d'assurer le flot régulier du tribut nubien à la cour de Pharaon. Mais Assouan est toujours restéè la frontière officielle de l'Égypte.
Yebu, le "pays des éléphants" (peut-être à cause des écueils évoquant des dos de pachydermes) est le centre religieux, commercial et militaire du nome, du fait de son importance stratégique, puisqu'elle commande la voie d'eau entre l'Égypte et la Nubie. L'île d'Éléphantine garde les vestiges d'enceintes fortifiées, de temples dédiés à Khnoum et Satet par Hatchepsout, du sanctuaire d'un nomarque divinisé (Heka-ib), des casernes de la garnison, et de la nécropole de béliers momifiés liés au culte de Khnoum.
Les carrières situées sur la rive orientale du Nil ont pratiquement fourni tout le granit qui servit à la construction des obélisques, statues, revêtements de pyramides, pylônes de temples, et autres monuments de l'Égypte ancienne. On peut y voir, gisant dans son lit de granit, le célébre obélisque resté inachevé à cause d'une fêlure dans la pierre. Il nous renseigne sur les méthodes d'extraction de la plus dure des roches, et de son acheminement jusqu'au fleuve. Un relief du temple de Deir el-Bahari représente le transport des obélisques sur le Nil, arrimés à des radeaux remorqués par des bateaux. Plus au sud, à Ouadi Chenal, une statue osiriaque offre un autre exemple de taille de granit inachevée. Depuis la ville moderne d'Assouan, on voit clairement sur la rive gauche les tombes rupestres et leurs voies d'accès escarpées au flanc de la falaise de Qoubbet el-Haoua. Ce sont les tombeaux de hauts dignitaires en poste à Éléphantine, de la fin de l'Ancien Empire jusqu'au Moyen Empire. Leurs inscriptions nous renseignent sur les expéditions commerciales qui sillonnaient le Soudan et l'Afrique pour ramener en-Egypte des denrées rares et précieuses. Cette rive est dominée par le mausolée de l'Agha Khan,' chef religieux suprême d'une secte ismaélienne. Il passait tous les hivers dans sa villa d'Assouan et, à sa mort en 1957, c'est là qu'il fut enterré selon ses dernières volontés.